Pour
parvenir au Puits de Moïse, il faut passer par le Centre hospitalier
spécialisé de la Chartreuse avec lequel une convention a
été établie pour en permettre l'accessibilité.
Les vestiges de l'ancienne chartreuse ont été habilement
intégrés dans le schéma d'ensemble de la construction
hospitalière du XIXe siècle. Un magnifique parc ombragé
en abrite les divers bâtiments.
Le Puits
de Moïse se trouve au centre d'une cour dont la configuration a repris
celle du grand cloître pour lequel il avait été initialement
conçu.
L'édicule qui le protége a été édifié
au XVIIe siècle et fortement restauré au XIXe siècle.
Le Puits
de Moïse est en fait le socle d'un calvaire monumental disparu à
la fin du XVIIIe siècle dont ne subsistent que le buste et les
jambes du Christ, et les bras de la Madeleine (Musée Archéologique).
Il est formé
d'une pile hexagonale d'environ sept mètres de haut, baignant dans
un bassin alimenté par la nappe phréatique, conception symbolique
illustrant le thème de la fontaine de vie. Cette pile, délimitée
en bas par un larmier et en haut par une large corniche, offre une architecture
de niches à remplage trilobé encadrées de colonnettes
à chapiteaux feuillagés surmontées d'anges.
Devant
chaque niche, sont érigées les statues en ronde-bosse des
six prophètes de l'Ancien Testament, Moïse, Isaïe, Daniel,
Zacharie, Jérémie et David, identifiés par des inscriptions
peintes.
La figure de Moïse, qui a donné son nom au puits, est la plus
connue : son visage raviné, son abondante chevelure et sa barbe
l'ont fait comparer au Moïse de Michel-Ange à Rome.
Les
circonstances de la réalisation de cette uvre magistrale
initiée en 1395 sont connues par les comptes de la chartreuse.
Le calvaire est achevé en 1399. Les prophètes sont réalisés
de 1402 à1405. De 1399 à 1400, Claus de Werve aide son oncle
pour " les angelez qui seront autour de la croix " et c'est
le peintre Malouel qui exécute la mise en couleur.
Pierre,
or et pigments donnent ainsi vie à de saisissantes " ymaiges
", traitées avec un réalisme extraordinaire. La sculpture
qui allie force et mouvement à la richesse des détails est
renforcée par la polychromie raffinée que la récente
restauration a révélé. Les prophètes, drapés
d'or associé à du rouge, du bleu ou du vert, devaient paraître
tout à la fois vivants et surnaturels. Bien que tous soient très
individualisés, ils sont subtilement mis en relation les uns avec
les autres par de savants mouvements de torsion et d'inclinaison. De même,
Sluter a ingénieusement forcé la perspective pour compenser
le point de vue par en dessous.
Les anges
sont également caractérisés, leurs traits manifestant
la douleur de la Passion, tandis que leurs ailes, autrefois dorés,
formaient comme une couronne scintillante à la base du Golgotha.
Bibliographie : Texte tiré de la plaquette "DIJON
Capitale de la bourgogne : Le Puits de Moïse" Rédaction
: S. Jugie - Musée de Beaux Arts